Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/587

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reine et la princesse. Pour l’amirale on ne lui faisait pas tant de cérémonies, dont elle se désespérait : car elle était l’aînée de Brunette et de Blondine, et se trouvait moins bien mariée.

Le roi envoya son Grand Écuyer apprendre à la reine sa mère ce qui venait de se passer et pour faire venir ses plus magnifiques chariots, afin d’emmener la reine Blondine avec ses deux sœurs. La reine mère était la plus cruelle de toutes les femmes et la plus emportée. Quand elle sut que son fils s’était marié sans sa participation, et surtout à une fille d’une naissance si obscure, et que le prince en avait fait autant, elle entra dans une telle colère qu’elle effraya toute la Cour. Elle demanda au Grand Écuyer quelle raison avait pu engager le roi à faire un si indigne mariage ; il lui dit que c’était l’espérance d’avoir deux garçons et une fille dans neuf mois, qui naîtraient avec de grands cheveux bouclés, des étoiles sur la tête, et chacun une chaîne d’or au cou, et que des choses si rares l’avaient charmé. La reine mère sourit dédaigneusement de la crédulité de son fils ; elle dit là-dessus bien des choses offensantes, qui marquaient assez sa fureur.

Les chariots étaient déjà arrivés à la petite maisonnette. Le roi convia sa belle-mère à le suivre, et lui promit qu’elle serait regardée avec toute sorte de distinctions ; mais elle pensa aussitôt que la Cour est une mer toujours agitée : « Sire, lui dit-elle, j’ai trop d’expérience des choses du monde pour quitter le repos que je