Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/591

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J’avais déjà résolu d’exécuter ce que tu me proposes, il n’y a que la manière qui m’embarrasse.

— Que cela ne vous fasse point de peine, reprit la Rousse, ma doguine vient de faire deux chiens et une chienne : ils ont chacun une étoile sur le front, avec une marque autour du cou, qui fait une espèce de chaîne : il faut faire croire à la reine qu’elle est accouchée de toutes ces petites bêtes, et prendre les deux fils, la fille et le fils de la princesse, que l’on fera mourir.

« Ton dessein me plaît infiniment, s’écria-t-elle, j’ai déjà donné des ordres là-dessus à Feintise, sa dame d’honneur, de sorte qu’il faut avoir les petits chiens.

— Les voilà, dit l’amirale, je les ai apportés. » Aussitôt elle ouvrit une grande bourse qu’elle avait toujours à son côté, elle en tira les trois doguines bêtes, que la reine et elle emmaillotèrent comme les enfants de la reine auraient dû être, et tout ornés de dentelles et de langes brochées d’or. Elles les arrangèrent dans une corbeille couverte, puis cette méchante reine, suivie de la Rousse, se rendit auprès de la reine « Je viens vous remercier, lui dit-elle, des beaux héritiers que vous donnez à mon fils, voilà des têtes bien faites pour porter une couronne. Je ne m’étonne pas si vous promettiez à votre mari deux fils et une fille avec des étoiles sur le front, de longs cheveux, et des chaînes d’or au cou. Tenez, nourrissez-les, car il n’y a point de femmes qui veuillent donner à téter à des chiens. »

La pauvre reine qui était accablée du mal