Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/593

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de la reine avec le fils de la princesse, de les étrangler et de les enterrer si bien qu’on n’en sût jamais rien. Comme elle était sur le point d’exécuter cet ordre et qu’elle tenait déjà le cordeau fatal, elle jeta les yeux sur eux et les trouva si merveilleusement beaux, et vit qu’ils marquaient tant de choses extraordinaires par les étoiles qui brillaient à leur front, qu’elle n’osa porter ses criminelles mains sur un sang si auguste.

Elle fit amener une chaloupe au bord de la mer, elle y mit les quatre enfants dans un même berceau et quelques chaînes de pierreries, afin que si la Fortune les conduisait entre les mains d’une personne assez charitable pour les vouloir nourrir, elle en trouvât aussitôt sa récompense.

La chaloupe poussée par un grand vent s’éloigna si vite du rivage que Feintise la perdit de vue : mais en même temps les vagues s’enflèrent ; le soleil se cacha, les nues se fondirent en eau, mille éclats de tonnerre faisaient retentit tous les environs. Elle ne douta point que la petite barque ne fût submergée, et elle ressentit de la joie de ce que ces pauvres innocents étaient péris, car elle aurait toujours appréhendé quelque événement extraordinaire en leur faveur.

Le roi sans cesse occupé de sa chère épouse et de l’état où il l’avait laissée, ayant conclu une trêve pour peu de temps revint en poste : il arriva douze heures après qu’elle fut accouchée. Quand la reine mère le sut, elle alla au-devant de lui, avec un air composé plein de douleur :