Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/596

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Corsine, fut ravie de la résolution de son mari : elle en aima davantage ces quatre enfants ; elle nomma la princesse Belle Étoile ; son frère aîné Petit Soleil : le second Heureux : et le fils de la princesse, Chéri. Il était si fort au dessus des deux autres pour sa beauté, qu’encore qu’il n’eût ni étoile ni chaîne, Corsine l’aimait plus que les autres.

Comme elle ne pouvait les élever sans le secours de quelque nourrice, elle pria son mari, qui aimait beaucoup la chasse, de lui attraper des faons tout petits : il en trouva le moyen, car la forêt où ils demeuraient était très spacieuse. Corsine les ayant, elle les exposa du côté du vent : les biches qui les sentirent accoururent pour leur donner à téter. Corsine les cacha et mit à la place les enfants, qui s’accommodèrent à merveille du lait de biche. Tous les jours, deux fois, elles venaient quatre de compagnie jusque chez Corsine chercher les princes et la princesse, qu’elles prenaient pour leurs faons.

C’est ainsi que se passa la tendre jeunesse des princes : le corsaire et sa femme les aimaient si passionnément qu’ils leur donnaient tous leurs soins. Cet homme avait été bien élevé, c’était moins par son inclination que par la bizarrerie de sa fortune qu’il était devenu corsaire. Il avait épousé Corsine chez une princesse ou son esprit s’était heureusement cultivé ; elle savait vivre, et quoiqu’elle se trouvât dans une espèce de désert, où ils ne subsistaient