Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/605

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

soin eût été découverte : « On vous a trop bien informés, dirent-ils, et nous ne pouvons vous celer que vous n’êtes point en effet nos enfants, et que la Fortune seule vous a fait tomber entre nos mains. Nous n’avons aucune lumière sur votre naissance, mais les pierreries qui étaient dans votre berceau peuvent marquer que vos parents sont ou grands seigneurs ou fort riches. Au reste, que pouvons-nous vous conseiller ? Si vous consultez l’amitié que nous avons pour vous, saris doute vous resterez avec nous, et vous consolerez notre vieillesse par votre aimable compagnie. Si le château que nous avons bâti en ces lieux ne vous plaît pas, ou que le séjour de cette solitude vous chagrine, nous irons où vous voudrez, pourvu que ce ne soit point à la Cour. Une longue expérience nous en a dégoûtés, et vous en dégoûterait peut-être si vous étiez informés des agitations continuelles, des soins, des déguisements, des feintes, de l’envie, des inégalités, des véritables maux, et des faux biens que l’on y trouve. Nous vous en dirions davantage, mais vous croiriez que nos conseils sont intéressés : ils le sont aussi, mes enfants, nous désirons de vous arrêter dans cette paisible retraite, quoique vous soyez maîtres de la quitter quand vous le voudrez. Ne laissez pourtant pas de considérer que vous êtes au port, et que vous allez sur une mer orageuse ; que les peines y surpassent presque toujours les plaisirs : que le cours de la vie est limité : qu’on la quitte souvent au milieu de