Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/604

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ils ne pourraient apprendre qui ils étaient, et que le meilleur parti c’était de leur parler, et de les faire consentir à leur éloignement. Ils goûtèrent tous cet avis : aussitôt ils montèrent à cheval pour venir trouver le corsaire et Corsine.

Le cœur de Chéri était flatté par tout ce que l’espérance peut offrir de plus agréable pour consoler un amant affligé ; son amour lui faisait deviner une partie des choses futures : il ne se croyait plus le frère de Belle Étoile, sa passion contrainte prenant un peu l’essor, lui permettait mille tendres idées qui le charmaient. Ils joignirent le corsaire et Corsine avec un visage mêlé de joie et d’inquiétude. « Nous ne venons pas, dit Petit Soleil (car il portait la parole) pour vous dénier l’amitié, la reconnaissance et le respect que nous vous devons, bien que nous soyons informés de la manière dont vous nous trouvâtes sur la mer, et que vous n’êtes ni notre père ni notre mère : la piété avec laquelle vous nous avez sauvés, la noble éducation que vous nous avez donnée, tant de soins et de bontés que vous avez eus pour nous, sont des engagements si indispensables que rien au monde ne peut nous affranchir de votre dépendance. Nous venons donc vous renouveler nos sincères remerciements ; vous supplier de nous raconter un événement si rare et de nous conseiller, afin que nous conduisant par vos sages avis, nous n’avons rien à nous reprocher. »

Le corsaire et Corsine furent bien surpris qu’une chose qu’ils avaient cachée avec tant de