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AUX CHEVEUX D’OR.

» Il y a, proche d’ici, une grotte profonde qui a bien six lieues de tour, on trouve à l’entrée deux dragons qui empêchent qu’on n’y entre, ils ont du feu dans la gueule et dans les yeux ; puis lors qu’on est dans la grotte, on trouve un grand trou dans lequel il faut descendre ! il est plein de crapauds, de couleuvres et de serpens. Au fond de ce trou, il y a une petite cave où coule la fontaine de Beauté et de Santé : c’est de cette eau que je veux absolument. Tout ce qu’on en lave devient merveilleux ; si l’on est belle, on demeure toujours belle ; si l’on est laide, on devient belle ; si l’on est jeune, on reste jeune ; si l’on est vieille, on devient jeune. Vous jugez bien, Avenant, que je ne quitterai pas mon royaume sans en emporter.

— Madame, lui dit-il, vous êtes si belle, que cette eau vous est bien inutile ; mais je suis un malheureux ambassadeur dont vous voulez la mort : je vais vous aller chercher ce que vous désirez, avec la certitude de n’en pouvoir revenir. » La Belle aux Cheveux d’Or ne changea point de dessein, et Avenant partit avec le petit chien Cabriole, pour aller à la grotte ténébreuse chercher de l’eau de Beauté. Tous ceux qu’il rencontrait sur le chemin disaient : « C’est une pitié de voir un garcon si aimable s’aller perdre de gaité de cœur ; il va seul à la grotte, et quand il irait lui centième, il n’en pourrait venir à bout. Pourquoi la princesse ne veut-elle que des choses impossibles ? » Il continuait de marcher, et ne disait pas un mot ; mais il était bien triste.

Il arriva vers le haut d’une montagne, où il