Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/611

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d’un air plein de majesté, aussitôt ils lui firent une profonde révérence et passèrent doucement, tenant les yeux attachés sur lui. De son côté il les regardait, et n’était pas moins charmé de l’incomparable beauté de la princesse que de la bonne mine des jeunes princes. Il commanda à son Premier Écuyer de leur aller offrir sa protection, et toutes les choses dont ils pourraient avoir besoin dans un pays où ils étaient apparemment étrangers. Ils reçurent l’honneur que le roi leur faisait avec beaucoup de respect et de reconnaissance, et lui dirent qu’ils n’avaient besoin que d’une maison où ils pussent être en particulier : qu’ils seraient bien aise qu’elle fût à une ou deux lieues de la ville, parce qu’ils aimaient fort la promenade. Sur-le-champ le Premier Écuyer leur en fit donner une des plus magnifiques, où ils logèrent commodément avec tout leur train.

Le roi avait l’esprit si rempli des quatre enfants qu’il venait de voir, que sur-le-champ il alla dans la chambre de la reine sa mère lui dire la merveille des étoiles qui brillaient sur leurs fronts, et tout ce qu’il avait admiré en eux : elle en fut tout interdite, elle lui demanda sans aucune affectation quel âge ils pouvaient avoir : il répondit quinte ou seize ans : elle ne témoigna point son inquiétude, mais elle craignait terriblement que Feintise ne l’eût trahie. Cependant le roi se promenait à grands pas, et disait : « Qu’un père est heureux d’avoir des fils si parfaits, et une fille si belle ! Pour moi, infortuné souverain, je suis