Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/610

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et le reste des maisons de porcelaines fort fines : plusieurs arbres toujours verts mêlaient l’émail de leurs feuilles aux diverses couleurs du marbre, de l’or et des porcelaines de sorte qu’ils souhaitaient que leur vaisseau entrât dans le port ; mais ils doutaient d’y pouvoir trouver place tant il v en avait d’autres, dont les mâts semblaient composer une forêt flottante.

Leurs désirs furent accomplis, ils abordèrent, et le rivage en un moment se trouva couvert du peuple qui avait aperçu la magnificence du navire ; celui que les Argonautes avaient construit pour la conquête de la Toison ne brillait pas tant ; les étoiles et la beauté des merveilleux enfants ravissaient ceux qui les vouaient ; l’on courut dire au roi cette nouvelle : comme il ne pouvait la croire, et que la grande terrasse du palais donnait jusqu’au bord de la mer, il s’y rendit promptement ; il vit que les princes Petit Soleil et Chéri, tenant la princesse entre leurs bras, la portèrent à terre, qu’ensuite l’on fit sortir leurs chevaux, dont les riches harnais répondaient bien à tout le reste. Petit Soleil en montait un plus noir que du jais : celui d’Heureux était gris ; Chéri avait le sien blanc comme neige, et la princesse son isabelle. Le roi les admirait tous quatre sur leurs chevaux qui marchaient si fièrement, qu’ils écartaient tous ceux qui voulaient s’approcher.

Les princes, ayant entendu que l’on disait : « Voilà le roi », levèrent les yeux, et l’ayant vu