Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/618

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si cette Eau fait tout ce que vous dites, je vous donnerai une récompense proportionnée à son mérite. » La perfide vieille se retira en diligence, ravie d’avoir si bien réussi, elle dit à Belle Étoile qu’elle serait soigneuse de la venir voir.

Les princes revinrent de la chasse, l’un apporta un marcassin, l’autre un lièvre et l’autre un cerf : tout fut mis aux pieds de leur sueur ; elle regarda cet hommage avec une espèce de dédain : elle était occupée de l’avis de Feintise : elle en paraissait même inquiète, et Chéri qui n’avait point d’autre occupation que de l’étudier, ne fut pas un quart d’heure avec elle sans le remarquer : « Qu’avez-vous, ma chère Étoile, lui dit-il, le pays où nous sommes n’est peut-être pas à votre gré ? Si cela est, partons-en tout à l’heure ; peut-être encore que notre équipage n’est pas assez grand, les meubles assez beaux, la table assez délicate : parlez, de grâce, afin que j’aie le plaisir de vous obéir le premier, et de vous faire obéir par les autres.

« La confiance que vous me donnez de vous dire ce qui se passe dans mon esprit, répliqua-t-elle, m’engage à vous déclarer que je ne saurais plus vivre si je n’ai l’Eau qui danse. Elle est dans la Forêt Lumineuse : je n’aurai avec elle rien à craindre de la fureur des ans.

— Ne vous chagrinez point, mon aimable Étoile, ajouta-t-il, je vais partir et je vous en apporterai, ou vous saurez par ma mort qu’il est impossible d’en avoir.

— Non, dit-elle, j’aimerais mieux renoncer à tous les avantages de la beauté : j’aimerais