Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/617

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dans votre chambre, ajouta-t-elle, vous le saurez.

— Vous y pouvez venir », repartit la princesse. Aussitôt la vieille se présenta avec un certain air de cour, que l’on ne perd point quand on l’a une fois.

Ma belle fille, dit Feintise sans perdre un moment (car elle craignait qu’on ne vînt l’interrompre), le Ciel vous a faite tout aimable. Vous êtes douée d’une étoile brillante sur votre front, et l’on raconte bien d’autres merveilles de vous : mais il vous manque encore une chose qui vous est essentiellement nécessaire : si vous ne l’avez, je vous plains.

— Et que me manque-t-il ? répliqua-t-elle.

— L’Eau qui danse, ajouta notre maligne vieille, si j’en avais eu, vous ne verriez pas un cheveu blanc sur ma tête, pas une ride sur mon front : j’aurais les plus belles dents du monde, avec un air enfantin qui vous charmerait : hélas ! J’ai su ce secret trop tard, mes attraits étaient déjà effacés. Profitez de mes malheurs, ma chère enfant, ce sera une consolation pour moi, car je me sens pour vous des mouvements de tendresse extraordinaires. — Mais où prendrai-je cette Eau qui danse ? repartit Belle Étoile. — Elle est dans la Forêt Lumineuse, dit Feintise. Vous avez trois frères, est-ce que l’un d’eux ne vous aimera pas assez pour l’aller quérir ? Vraiment ils ne seraient guère tendres. Enfin il n’y va pas moins que d’être belle cent ans après votre mort.

— Mes frères me chérissent, dit la princesse, il y en a un, entre autres, qui ne me refusera rien. Certainement