Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/622

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et rugir les lions, ce qui étonna beaucoup le prince ; car il semblait qu’aucun animal, excepté la salamandre, ne pouvait vivre dans cette espèce de fournaise.

Après avoir considéré une chose si épouvantable, il descendit, rêvant à ce qu’il allait faire, et il se dit plus d’une fois qu’il était perdu. Comme il approchait de ce grand feu, il mourait de soif, il trouva une fontaine qui sortait de la montagne et qui tombait dans un grand bassin de marbre ; il mit pied à terre, s’en approcha, et se baissait pour puiser de l’eau dans un petit vase d’or qu’il avait apporté, afin d’y mettre celle que la princesse souhaitait, quand il aperçut une tourterelle qui se noyait dans cette fontaine ; ses plumes étaient toutes mouillées ; elle n’avait plus de force, et coulait au fond du bassin, Chéri en eut pitié ; il la sauva ; il la pendit d’abord par les pieds ; elle avait tant bu qu’elle en était enflée ; ensuite il la réchauffa ; il essuya ses ailes avec un mouchoir fin ; il la secourut si bien, que la pauvre tourterelle se trouva au bout d’un moment plus gaie qu’elle n’avait été triste.

« Seigneur Chéri, lui dit-elle d’une voix douce et tendre, vous n’avez jamais obligé petit animal plus reconnaissant que moi ; ce n’est pas d’aujourd’hui que j’ai reçu des faveurs essentielles de votre famille ; je suis ravie de pouvoir vous être utile à mon tour : ne croyez donc pas que j’ignore le sujet de votre voyage, vous l’avez entrepris un peu témérairement, car l’on ne