Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/623

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saurait nombrer les personnes qui sont péries ici. L’Eau qui danse est la huitième merveille du monde pour les dames ; elle embellit ; elle rajeunit : elle enrichit : mais si je ne vous sers de guide vous n’y pourrez arriver, car la source sort à gros bouillons du milieu de la forêt, et s’y précipite dans un gouffre. Le chemin est couvert de branches d’arbres qui tombent toutes embrasées, et je ne vois guère d’autre moyen que d’y aller par dessous terre : reposez-vous donc ici sans inquiétude, je vais ordonner ce qu’il faut. »

En même temps, la Tourterelle s’élève en l’air, va, vient, s’abaisse, vole et revole, tant et tant, que sur la fin du jour elle dit au prince que tout était prêt : il prend l’officieux oiseau ; il le baise : il le caresse, le remercie, et le suit sur son beau cheval blanc. À peine eut-il fait cent pas qu’il voit deux longues files de renards, blaireaux, taupes, escargots, fourmis, et de toutes les sortes de bêtes qui se cachent dans la terre. Il y en avait une si prodigieuse quantité, qu’il ne comprenait point par quel pouvoir ils s’étaient ainsi rassemblés : « C’est par mon ordre, lui dit la Tourterelle, que vous voyez en ces lieux ce petit peuple souterrain, il vient de travailler pour votre service, et faire une extrême diligence, vous me ferez plaisir de les en remercier. » Le prince les salua, et leur dit qu’il voudrait les tenir dans un lieu moins stérile, qu’il les régalerait avec plaisir, chaque bestiole parut contente.

Chéri étant à l’entrée de la voûte y laissa