Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/625

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alors, tu tiens plus de l’homme que de la tourterelle, l’un est inconstant, l’autre ne l’est point. » La Tourterelle lui répondit du haut des airs : « Eh ! savez-vous qui je suis ? »

Chéri s’étonna que la Tourterelle eût répondu ainsi à sa pensée ; il jugea bien qu’elle était très habile ; il fut fâché de l’avoir laissée aller : « Elle m’aurait peut-être été utile, disait-il, et j’aurais appris par elle bien des choses qui contribueraient au repos de ma vie. » Cependant il convint avec lui-même qu’il ne faut jamais regretter un bienfait accordé, et il se trouvait son redevable, quand il pensait aux difficultés qu’elle lui avait aplanies pour avoir l’Eau qui danse ; son vase d’or était fermé de manière que l’Eau ne pouvait ni se perdre ni s’évaporer. Il pensait agréablement au plaisir qu’aurait Belle Étoile en la recevant et la joie qu’il aurait de la revoir, lorsqu’il vit venir à toute bride plusieurs cavaliers qui ne l’eurent pas plus tôt aperçu que poussant de grands cris, ils se le montrèrent les uns aux autres : il n’eut point de peur, son âme avait un caractère d’intrépidité qui s’alarmait peu des périls. Cependant il ressentit beaucoup de chagrin que quelque chose l’arrêtât, il poussa brusquement son cheval vers eux, et resta agréablement surpris de reconnaître une partie de ses domestiques qui lui présentèrent des petits billets, ou pour mieux dire des ordres dont la princesse les avait chargés pour lui, afin qu’il ne s’exposât point aux dangers de la Forêt Lumineuse : il baisa l’écriture