Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/624

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son cheval, puis demi-courbé il chemina avec la bonne Tourterelle, qui le conduisit très heureusement jusqu’à la fontaine : elle faisait un si grand bruit qu’il en serait devenu sourd si elle ne lui avait pas donné deux de ses plumes blanches dont il se boucha les oreilles. Il fut étrangement surpris de voir que cette Eau dansait avec la même justesse que si Favier et Pécourt, lui avaient montré. Il est vrai que ce n’étaient que de vieilles danses, comme la bocane, la mariée et la sarabande Plusieurs oiseaux qui voltigeaient en l’air chantaient les airs que l’Eau voulait danser. Le prince en puisa plein son vase d’or ; il en but deux traits qui le rendirent cent fois plus beau qu’il n’était, et qui le rafraîchirent si bien, qu’il s’apercevait à peine que de tous les endroits du monde le plus chaud, c’est la Forêt Lumineuse.

Il en partit par le même chemin par lequel il était venu, son cheval s’était éloigné, mais fidèle à sa voix dès qu’il l’appela, il vint au grand galop. Le prince se jeta légèrement dessus, tout fier d’avoir l’Eau qui danse : « Tendre Tourterelle, dit-il à celle qu’il tenait, j’ignore encore par quel prodige vous avez tant de pouvoir en ces lieux, les effets que j’en ai ressentis m’engagent à beaucoup de reconnaissance, et comme la liberté est le plus grand des biens, je vous rends la vôtre pour égaler par cette faveur celles que vous m’avez faites. » En achevant ces mots, il la laissa aller : elle s’envola d’un petit air aussi farouche que si elle eût resté avec lui contre son gré. « Quelle inégalité ! dit-il