Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/634

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ce fut lui à son tour qui eut peur : il s’arrêta, et regardant fixement le prince chargé de dragons, il ne songea plus qu’à s’enfuir. Chéri s’apercevant de l’heureux effet de son armure, le poursuivit jusqu’à l’entrée d’une profonde caverne où il se précipita pour l’éviter : il en ferma bien vite l’entrée, et se dépêcha de retourner vers la Pomme qui chante.

Après avoir monté par-dessus tous les os qui l’entouraient, il vit ce bel arbre avec admiration ; il était d’ambre, les pommes de topaze, et la plus excellente de toutes, qu’il cherchait avec tant de soins et de périls paraissait au haut, faite d’un seul rubis, avec une couronne de diamants dessus. Le prince transporté de joie de pouvoir donner un trésor si parfait et si rare à Belle Étoile, se hâta de casser la branche d’ambre ; et tout fier de sa bonne fortune, il monta sur son cheval blanc, mais il ne trouva plus la Tourterelle ; dès que ses soins lui furent inutiles, elle s’envola ; sans perdre le temps en regrets superflus, comme il craignait que le dragon dont il entendait les sifflements ne trouvât quelque route pour venir à ces pommes, il retourna avec la sienne vers sa princesse.

Elle avait perdu l’usage de dormir depuis son absence ; elle se reprochait sans cesse son envie d’avoir plus d’esprit que les autres ; elle craignait plus la mort de Chéri que la sienne : « Ha ! malheureuse, s’écriait-elle en poussant de profonds soupirs, fallait-il que j’eusse cette vaine