Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/636

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esprit était augmenté à tel point, que rien dans le monde ne lui pouvait être comparable.

Belle Étoile courut au-devant de lui avec une grande précipitation : « Pensez-vous que je vous remercie, mon cher frère ? lui dit-elle en pleurant de joie. Non, il n’est point de bien que je n’achète trop cher quand vous vous exposez pour me l’acquérir.

— Et il n’est point de périls, lui dit-il, auxquels je ne veuille toujours me hasarder pour vous donner la plus petite satisfaction. Recevez, Belle Étoile, continua-t-il, recevez ce fruit unique, personne au monde ne le mérite si bien que vous : mais que vous donnera-t-il que vous n’ayez déjà ? » Petit Soleil et son frère vinrent interrompre cette conversation ; ils eurent un sensible plaisir de revoir le prince ; il leur raconta son voyage, et cette relation les mena jusqu’au jour.

La mauvaise Feintise était revenue dans sa petite maison, après avoir entretenu la reine mère de ses projets ; elle avait trop d’inquiétude pour dormir tranquillement : elle entendit le doux chant de la Pomme, que rien dans la nature ne pouvait égaler. Elle ne douta point que la conquête n’en fût faite : elle pleura ; elle gémit ; elle s’égratigna le visage ; elle s’arracha les cheveux ; sa douleur était extrême, car au lieu de faire du mal aux beaux enfants comme elle l’avait projeté, elle leur faisait du bien, quoiqu’il n’entrât que de la perfidie dans ses conseils.

Dès qu’il fut jour elle apprit que le retour du prince n’était que trop vrai, elle retourna