Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/637

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chez la reine mère : « Hé bien, lui dit cette princesse, Feintise, m’apportes-tu de bonnes nouvelles, les enfants ont-ils péri ?

— Non, madame, dit-elle en se jetant à ses pieds, mais que Votre Majesté ne s’impatiente point, il me reste des moyens infinis de vous en délivrer.

— Ha ! malheureuse, dit la reine, tu n’es au monde que pour me trahir, tu les épargnes. » La vieille protesta bien le contraire, et quand elle l’eut un peu apaisée, elle s’en revint pour rêver à ce qu’il fallait faire.

Elle laissa passer quelques jours sans paraître, au bout desquels elle épia si bien, qu’elle trouva la princesse seule dans une route de la forêt, qui se promenait, attendant le retour de ses frères. « Le Ciel vous comble de biens, lui dit cette scélérate en l’abordant, charmante Étoile, j’ai appris que vous possédez la Pomme qui chante, certainement, quand cette bonne fortune me serait arrivée, je n’en aurais pas plus de joie ; car il faut avouer que j’ai pour vous une inclination qui m’intéresse dans tous vos avantages : cependant, continua-t-elle, je ne peux m’empêcher de vous donner un nouvel avis.

— Ha ! gardez vos avis, s’écria la princesse en s’éloignant d’elle, quelques biens qu’ils m’apportent, ils ne sauraient me payer l’inquiétude qu’ils m’ont causée.

— L’inquiétude n’est pas un si grand mal, repartit-elle en souriant, il en est de douces et de tendres.

— Taisez-vous, ajouta Belle Étoile, je tremble quand j’y pense.

— Il est vrai, dit la vieille, que vous êtes fort à plaindre, d’être