Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/638

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la plus belle et la plus spirituelle fille de l’univers. Je vous en fais mes excuses.

— Encore un coup, répliqua la princesse, je sais suffisamment l’état où l’absence de mon frère m’a réduite.

— Il faut malgré cela que je vous dise, continua Feintise, qu’il vous manque encore le Petit Oiseau Vert qui dit tout, vous seriez informée par lui de votre naissance, des bons ou des mauvais succès de la vie, il n’y a rien de si particulier qu’il ne vous découvrît ; et lorsqu’on dira dans le monde : "Belle Etoile a l’Eau qui danse et la Pomme qui chante", l’on dira en même temps : "Elle n’a pas le Petit Oiseau Vert qui dit tout, et il vaudrait presque autant qu’elle n’eût rien." »

Après avoir débité ainsi ce qu’elle avait dans l’esprit, elle se retira. La princesse triste et rêveuse, commença à soupirer amèrement : « Cette femme a raison, disait-elle, de quoi me servent les avantages que je reçois de l’Eau et de la Pomme, puisque j’ignore d’où je suis, qui sont mes parents, et par quelle fatalité mes frères et moi avons été exposés à la fureur des ondes. Il faut qu’il y ait quelque chose de bien extraordinaire dans notre naissance pour nous abandonner ainsi, et une protection bien évidente du Ciel pour nous avoir sauvés de tant de périls. Quel plaisir n’aurais-je point de connaître mon père et ma mère, de les chérir s’ils sont encore vivants, et d’honorer leur mémoire s’ils sont morts ? » Là-dessus les larmes vinrent avec abondance couvrir ses joues, semblables aux