Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/653

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sur une chose qui nous occupe jour et nuit.

— À juger de votre naissance par vous, répliqua le roi, elle doit être des plus illustres : mais parlez sincèrement : qui êtes-vous ?

— Sire, dit-elle, mes frères et moi avons différé de l’interroger jusqu’à notre retour, en arrivant nous avons reçu vos ordres pour venir à vos noces : tout ce que j’ai pu faire, ç’a été de vous apporter ces trois raretés pour vous divertir.

« J’en suis très aise, s’écria le roi, ne différons pas une chose si agréable.

— Vous vous amusez à toutes les bagatelles qu’on vous propose, dit la reine mère en colère, voilà de plaisants marmousets avec leurs raretés : en vérité le nom seul fait assez connaître que rien n’est plus ridicule. Fi, fi, je ne veux pas que des petits étrangers, apparemment de la lie du peuple, aient l’avantage d’abuser de votre crédulité ; tout cela consiste en quelque tour de gibecière et de gobelets ; et sans vous, ils n’auraient pas l’honneur d’être assis à ma table. »

Belle Étoile et ses frères entendant un discours si désobligeant ne savaient que devenir : leur visage était couvert de confusion et de désespoir, d’essuyer un tel affront devant toute cette grande Cour. Mais le roi ayant répondu à sa mère que son procédé l’outrait, pria les beaux enfants de ne s’en point chagriner, et leur