Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/654

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tendit la main en signe d’amitié. Belle Etoile prit un bassin de cristal de roche, dans lequel elle versa toute l’Eau qui danse on vit aussitôt que cette Eau s’agitait ; sautait en cadence ; allait et venait ; s’élevait comme une petite mer irritée : changeait de mille couleurs et faisait aller le bassin de cristal le long de la table du roi, puis il s’en élança tout d’un coup quelques gouttes sur le visage du Premier Écuyer, à qui les enfants avaient de l’obligation ; c’était un homme d’un mérite rare, mais sa laideur ne l’était pas moins, et il avait même perdu un œil. Dès que l’Eau l’eut touché il devint si beau qu’on ne le reconnaissait plus, et son œil se trouva guéri. Le roi qui l’aimait chèrement, eut autant de joie de cette aventure que la reine mère en ressentit de déplaisir, car elle ne pouvait entendre les applaudissements qu’on donnait aux princes. Après que le grand bruit fut cessé, Belle Etoile mit sur l’Eau qui danse la Pomme qui chante, faite d’un seul rubis, couronné de diamants, avec sa branche d’ambre : elle commença un concert si mélodieux, que cent musiciens se seraient fait moins entendre ; cela ravit le roi et toute la Cour ; et l’on ne sortait point d’admiration quand Belle Étoile tira de son manchon une petite cage d’or d’un travail merveilleux où était l’Oiseau Vert qui dit tout : il ne se nourrissait