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Page:Aulnoy - Contes nouveaux ou Les fées à la mode, tome 1, 1698.pdf/30

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La Princesse

lys & les roſes de ſon teint ; tous ſes traits avoient quelque choſe de ſi regulier, que les plus excellens Peintres n’auroient pû en imaginer de pareils : ſes cheveux eſtoient déja aſſez longs pour couvrir ſes épaules, & ſa mine ſi relevée, que l’on n’a jamais vû dans un enfant rien de plus noble & de plus grand. L’Aigle l’aimoit avec une paſſion ſurprenante, elle ne luy apportoit que des fruits pour ſa nourriture, faiſant cette eſpece de difference entre luy & ſes Aiglons, à qui elle ne donnoit que de la chair cruë. Elle déſoloit tous les Bergers des environs, enlevant leurs agneaux ſans miſericorde ; il n’eſtoit bruit que des rapines de l’Aigle : enfin fatiguez de la nourrir aux dépens de leurs troupeaux, ils

reſo-