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Page:Aulnoy - Contes nouveaux ou Les fées à la mode, tome 1, 1698.pdf/38

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La Princesse

des Aigles, & qui eſtoit encore dans un âge ſi tendre, ne paroiſſoit ny craintif, ny ſauvage ; il ſembloit que tous ces Bergers n’eſtoient là que pour luy plaire : ah ! quelle pitié, s’entrediſoient-ils ? quoy cet enfant va eſtre devoré ; que ne pouvons-nous le ſauver ! Pluſieurs pleuroient, mais enfin il eſtoit impoſſible de faire autrement.

Le Centaure avoit accoûtumé de paroiſtre ſur le haut d’une roche ſa maſſuë dans une main, ſon bouclier dans l’autre ; & là d’une voix épouvantable, il crioit aux Bergers : Laiſſez-moy ma proye, & vous retirez. Auſſi-tôt qu’il apperçut l’enfant qu’on luy amenoit, il en fit une grande feſte, & riant ſi haut que les monts en trembloient ; il dit d’une voix épouvantable :

Voicy