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Page:Aulnoy - Contes nouveaux ou Les fées à la mode, tome 1, 1698.pdf/39

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Carpillon.

Voicy le meilleur déjeuner que j’aye fait de mes jours, il ne me faut ny ſel ny poivre pour croquer ce petit garçon. Les Bergers & les Bergeres, jetterent les yeux ſur le pauvre enfant, & s’entrediſoient : l’Aigle l’a épargné, ce qui eſt un prodige, mais voicy le monſtre qui va terminer ſes jours. Le plus vieux des Bergers le prit entre ſes bras, le baiſa pluſieurs fois : ô mon enfant, mon cher enfant, diſoit-il, je ne te connois point, & je ſens que je ne t’ay déja que trop vû ! Faut-il que j’aſſiſte à tes funerailles ? Qu’a donc fait la Fortune en te garantiſſant des ſerres aiguës & du bec crochû de l’Aigle terrible, puiſqu’elle te livre aujourd’huy à la dent carnaſſiere de cet horrible monſtre ?

   Tome I.
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