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FINETTE CENDRON

Fleur-d’Amour trouva l’expédient admirable ; elles se chargèrent de pois, elles remplirent leurs poches ; pour Fine-Oreille, au lieu de prendre des pois, elle prit le sac aux beaux habits, avec la petite boîte de diamants, et dès que la reine les appela pour partir, elles se trouvèrent toutes prêtes.

Elle leur dit : J’ai rêvé cette nuit qu’il y a dans un pays, qu’il n’est pas nécessaire de nommer, trois beaux princes qui vous attendent pour vous épouser ; je vais vous y mener, pour voir si mon songe est véritable. La reine allait devant et ses filles après, qui semaient des pois sans s’inquiéter, car elles étaient certaines de retourner à la maison. Pour cette fois la reine alla plus loin encore qu’elle n’était allée : mais pendant une nuit obscure, elle les quitta et revint trouver le roi ; elle arriva fort lasse et fort aise de n’avoir plus un si grand ménage sur les bras.

Les trois princesses ayant dormi jusqu’à onze heures du matin, se réveillèrent ; Finette s’aperçut la première de l’absence de la reine ; bien qu’elle s’y fût préparée, elle ne laissa pas de pleurer, se confiant davantage pour son retour à sa marraine la fée, qu’à l’habileté de ses sœurs. Elle fut leur dire toute effrayée : La reine est partie, il faut la suivre au plus vite.

— Taisez-vous, petite babouine, répliqua Fleur-d’Amour, nous trouverons bien le chemin quand nous voudrons, vous faites ici ma commère l’empressée mal à propos. Finette n’osa répliquer. Mais quand elles voulurent retrouver le chemin, il n’y avait plus ni traces ni sentiers ; les pigeons, dont il y a grand nombre en ce pays-là, étaient