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L’OISEAU BLEU.

veilles qu’elle l’eût été de ses jours, jura : Par la vertuchou, voilà un excellent pâté ! je le veux avoir ; çà, çà, Mie-Souillon, que t’en donnerais-je ? Le prix ordinaire, dit-elle ; coucher dans le cabinet des échos. — Tiens, dit Truitonne (car elle était de belle humeur), voilà une pistole. Florine, plus contente qu’elle l’eût encore été, parce qu’elle espérait que le roi l’entendrait, se retira en la remerciant.

Dès que la nuit parut, elle se fit conduire dans le cabinet. Lorsqu’elle crut que chacun s’était endormi, elle commença ses plaintes ordinaires. À combien de périls me suis-je exposée, disait-elle, pour te chercher, pendant que tu me fuis ? Que t’ai-je donc fait, cruel, pour oublier tes serments ? Souviens-toi de ta métamorphose, de mes bontés, de nos conversations.

Le roi ne dormait point, et il entendait si distinctement la voix de Florine et toutes ses paroles, qu’il ne pouvait comprendre d’où elles venaient ; mais son cœur, pénétré de tendresse, lui rappela si vivement l’idée de son incomparable princesse, qu’il sentit sa séparation avec la même douleur, qu’au moment où les couteaux l’avaient blessé sur le cyprès ; il se mit à parler de son côté comme la reine avait fait du sien : Ah ! princesse, dit-il, est-il possible que vous m’ayez sacrifié à nos ennemis ! Florine entendit ce qu’il disait, et ne manqua pas de lui répondre, et de lui apprendre que s’il voulait entretenir la Mie-Souillon, il serait éclairci de tous les mystères qu’il n’avait pu pénétrer jusqu’alors. À ces mots, le roi impatient appela un de ses valets de chambre, et lui demanda s’il ne pouvait point