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L’OISEAU BLEU.

trouver Mie-Souillon et l’amener ? Le valet de chambre répliqua que rien n’était plus aisé, parce qu’elle couchait dans le cabinet des échos.

Le roi ne savait qu’imaginer. Quel moyen de croire qu’une si grande reine que Florine fût déguisée en Souillon ? Et quel moyen de croire que Mie-Souillon eût la voix de la reine, et sût des secrets si particuliers, à moins que ce ne fût elle-même ? Dans cette incertitude, il se leva, et s’habillant avec précipitation, il descendit par un degré dérobé dans le cabinet des échos.

Il trouva la reine en robe de taffetas blanc, qu’elle portait sous ses vilains habits, ses beaux cheveux couvraient ses épaules ; elle était couchée sur un lit de repos, et une lampe un peu éloignée ne rendait qu’une lumière sombre. Le roi entra, la reconnut et vint se jeter à ses pieds.

La reine ne demeura pas moins troublée ; son cœur se serra, elle pouvait à peine soupirer : elle regardait fixement le roi sans lui rien dire ; et quand elle eut la force de lui parler, elle n’eut pas celle de lui faire des reproches ; le plaisir de le revoir lui fit oublier pour quelque temps les sujets de plaintes qu’elle croyait avoir. Enfin ils s’éclaircirent, ils se justifièrent, et tout ce qui les embarrassait, c’était la fée Soussio.

Mais dans ce moment, l’enchanteur qui aimait le roi, arriva avec une fée fameuse : c’était justement celle qui donna les quatre œufs à Florine. Après les premiers compliments, l’enchanteur et la fée déclarèrent que leur pouvoir étant uni en faveur du roi et de la reine, Soussio ne