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LA BELLE AUX CHEVEUX D’OR.

lui donna deux petits coups de la main, et ne répondit rien ; mais tout accablé de tristesse, il s’endormit.

Cabriolle voyant le jour, cabriola tant qu’il l’éveilla, et lui dit : Mon maître, habillez-vous, et sortons. Avenant le voulut bien ; il se lève, s’habille, et descend dans le jardin, et du jardin il va insensiblement au bord de la rivière, où il se promenait son chapeau sur ses yeux et ses bras croisés l’un sur l’autre, ne pensant qu’à son départ, tout d’un coup il entendit qu’on l’appelait : Avenant, Avenant. Il regarde de tous côtés et ne voit personne ; il crut rêver. Il continue sa promenade ; on le rappelle : Avenant, Avenant. — Qui m’appelle ? dit-il. Cabriolle, qui était fort petit, et qui regardait de près dans l’eau, lui répliqua : Ne me croyez jamais, si ce n’est une carpe dorée que j’aperçois. Aussitôt la grosse carpe paraît et lui dit : Vous m’avez sauvé la vie dans le pré des Aliziers, où je serais restée sans vous, je vous promis d’en être reconnaissante. Tenez, cher Avenant, voici la bague de la Belle aux Cheveux d’Or.

Il fut droit au palais. L’on alla dire à la princesse qu’il demandait à la voir. L’on fit entrer Avenant, qui lui présenta sa bague, et lui dit : Princesse, voilà votre commandement fait ; vous plaît-il de recevoir le roi mon maître pour époux ? Quand elle vit sa bague où il ne manquait rien, elle resta si étonnée, qu’elle croyait rêver. — Vraiment dit-elle, gracieux Avenant, il faut que vous soyez favorisé de quelque fée, car naturellement cela n’est pas possible. Madame, dit-il, je n’en connais aucune, mais j’avais bien envie de vous obéir. — Puisque vous avez si bonne volonté,