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AULU-GELLE


au son de la trompette et du clairon, mais aux accents mélodieux de la flûte. Ce n’était point pour observer un rite sacré, ni pour accomplir une prescription religieuse ; c’est qu’au lieu d’exciter et d’enflammer le courage par les éclats de la trompette et du clairon, ils voulaient régler et modérer l’ardeur de leurs guerriers par les modulations de la flûte. Ils pensaient qu’à la première attaque, au commencement de la mêlée, rien n’est plus propre à ménager la vie et à élever le courage du soldat que ces sons harmonieux qui l’empêchent de se livrer à la fureur qui l’aveugle. C’est pourquoi, lorsque les troupes étaient en ordre de bataille, les bataillons prêts à s’élancer, lorsque l’armée allait s’ébranler, des joueurs de flûte, placés dans les rangs, se faisaient entendre. Ces accords doux, purs et sacrés, étaient comme une discipline musicale qui tempérait l’impétuosité et la fougue des guerriers, et les empêchait de s’élancer pêle-mêle et sans ordre. Mais pourquoi ne citerions-nous pas ici l’illustre historien lui-même ? Ses paroles donneront plus de poids et plus d’autorité à mon observation : « Alors les deux armées s’avancent en ordre de bataille : les Argiens et leurs alliés s’élancent avec fougue et avec emportement ; les Lacédémoniens, au contraire, s’ébranlent lentement au son de flûtes nombreuses placées, selon la cou-