Page:Aulu-Gelle - Œuvres complètes, éd. Charpentier et Blanchet, 1919, I.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
43
LES NUITS ATTIQUES, LIVRE I


C. Gracchus n’avait. pas besoin, je le pense, d’excitation extérieure, lorsqu’il était à la tribune. Marcus Cicéron croit toutefois que Gracchus employait ce joueur de flûte pour une double fin : les sons lents ou rapides devaient ou donner du ton et de la force à sa parole lorsqu’elle s’affaiblissait, ou la modérer lorsque l’orateur se laissait aller à sa fougue et à son emportement. Voici le passage même de Cicéron : « Licinius, homme instruit, et ton client, Catulus, a pu te dire que Gracchus, dont il était le secrétaire, faisait cacher derrière lui, lorsqu’il parlait en public, un musicien habile, qui lui donnait le ton sur une flûte d’ivoire, et l’empêchait ainsi de trop baisser la voix ou de s’abandonner à des éclats trop violents. »

Pour en revenir à cette coutume dés Lacédémoniens, Aristote dans son livre des Problèmes, prétend que ces peuples commençaient la lutte au son de la flûte, pour que l’assurance et l’ardeur de leurs soldats parussent dans tout leur éclat : car la timidité et la crainte, dit-il, s’allient mal avec une semblable manière de marcher au combat. Les timides et les lâches ne sauront conserver cet ensemble imposant et harmonieux d’une marche régulière et intrépide. Aristote ne dit que quelques mots à ce sujet ; les voici : « Pourquoi, sur le point de combattre,