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III
NOTICE SUR AULU-GELLE

À Rome comme à Athènes, Aulu-Gelle vécut dans la société des rhéteurs, des grammairiens et des philosophes, et il s’attacha principalement à deux professeurs alors célèbres, le Gaulois Favorinus et l’Africain Cornélius Fronton, un des maîtres de Marc-Aurèle, comme Hérode Atticus. À Rome, il retrouva aussi Hérode Atticus qui ne vivait pas en très bon accord avec Fronton. Marc-Aurèle, qui lui-même avait à souffrir du caractère difficile d’Hérode, avait beaucoup à faire pour les rapprocher l’un de l’autre. Nous avons une preuve de cette difficulté et des bienveillants efforts du prince dans une lettre que Marc-Aurèle écrit à Fronton pour l’engager à user de modération dans son plaidoyer contre Hérode. Hérode avait avec son propre fils de graves démêlés, et Fronton était chargé de la cause du fils. Marc-Aurèle lui écrit donc : « Tu m’as souvent dit que tu étais à la recherche de ce qui pourrait m’être le plus agréable. L’occasion se présente : l’audience approche où l’on paraît disposé non-seulement à entendre favorablement ton discours, mais aussi à se faire un malin plaisir de ton indignation. Pour moi, que tu me regardes comme un conseiller téméraire ou comme un enfant bien hardi et trop bienveillant pour ton adversaire, cela ne m’empêchera pas de te dire tout bas mon conseil sur ce que je croirai le plus convenable… Pour toi quelle plus belle occasion de gloire que de ne pas répondre, même provoqué ! Il est vrai que si c’est lui qui commence, on pourra, jusqu’à un certain point, te pardonner de lui avoir répondu, mais je lui ai demandé qu’il ne commençât point, et je crois l’avoir obtenu ; car je vous aime l’un et l’autre, et chacun en raison de ses mérites. » Et une autre fois : « Pour Hérode, je t’en prie, pousse-le à bout, comme