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FEUILLETON DU JOURNAL DES DÉBATS

du 31 juillet 1910 [42]




EMMA


Par Jane Austen


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Traduction de M. PIERRE DE PULIGA


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Son devoir accompli, l’affable vieillard reprit sa place, avec le sentiment de s’être efforcé de mettre toutes les dames à leur aise. Peu après, l’histoire de la promenade arriva aux oreilles de Mme Elton et celle-ci commença aussitôt ses remontrances.

— Ma chère Jane, qu’est-ce que j’entends ? Vous avez été à la poste par la pluie ! Comment avez-vous pu faire une si grave imprudence ?

Jane donna très patiemment l’assurance qu’elle n’avait pas pris froid.

— Ce n’est pas une excuse. Mme Weston avez-vous jamais entendu parler d’une pareille conduite ? Il nous faut absolument intervenir, vous et moi, d’autorité.

— Je suis tentée de donner mon avis à mon tour, dit Mme Weston avec bonté. Sujette comme vous l’êtes, Mademoiselle Fairfax, à attraper de gros rhumes, vous devriez être particulièrement prudente à cette saison de l’année. Il vaudrait mieux attendre une heure ou deux ou même une demi-journée pour vos lettres que de vous exposer à prendre froid. Vous êtes beaucoup trop raisonnable pour courir ce risque une seconde fois.

— Oh ! Elle ne recommencera pas, reprit Mme Elton. J’ai trouvé une solution : l’homme qui va chercher nos lettres tous les matins



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