Aller au contenu

Page:Austen - Emma.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cinq enfants pour rendre visite à d’anciens amis et le soir elle causait avec son père et sa sœur de tout ce qu’elle avait fait dans la journée. Elle ne désirait rien d’autre sinon que les jours ne s’écoulassent pas si vite. Ce fut une visite délicieuse, parfaite, peut-être à cause de sa brièveté même.

Les soirées avaient été d’un commun accord réservées à la famille ; pourtant il n’y eut pas moyen d’éviter un dîner en ville, malgré la saison. M. Weston ne voulut pas entendre parler d’un refus à l’invitation qu’il venait faire : ils étaient tous priés de venir dîner à Randalls un jour de leur choix. M. Woodhouse lui-même, plutôt que de s’exposer à une division de leur petit groupe, finit par envisager la possibilité de ce déplacement ; il aurait bien voulu suggérer des difficultés sur la manière de se rendre à Randalls, mais comme la voiture et les chevaux de son gendre étaient pour le moment à Hartfield, il fut forcé de reconnaître que rien ne serait plus facile et qu’on pourrait même trouver une place dans une des voitures pour Harriet.

Harriet, M. Elton et M. Knightley furent seuls appelés à les rencontrer ; on devait se retirer de bonne heure, afin de complaire à M. Woodhouse, dont les goûts avaient été consultés en tout. La veille de ce grand événement, Harriet était venue passer la soirée à Hartfield ; elle avait pris froid dans la journée et était si souffrante que si elle n’avait pas clairement exprimé le désir d’être soignée par Mme Goddard, Emma ne l’eût jamais laissée partir dans cet état. Le lendemain, elle alla la voir : Harriet avait la fièvre et un fort mal de gorge ; Mme Goddard l’entourait de soins et d’affection, et on parla d’avertir M. Perry, Harriet était trop faible pour essayer de se persuader qu’elle serait assez bien pour sortir le soir ; elle ne pouvait que pleurer en songeant à ce désappointement. Emma resta auprès d’elle aussi longtemps qu’elle le put et la soigna pendant les absences inévitables de Mme Goddard ; elle lui rendit courage en lui représentant combien M. Elton serait affecté quand il ap-