Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
209
LE RUISSEAU DES MOTS.


Là, sous la mauve et sous le thym,
Reposent, loin des bruits du monde,
Des trépassés dont le destin
Fut inconnu comme ton onde.

C’est le laboureur épuisé,
C’est le bûcheron, c’est le pâtre ;
Maint travailleur qui s’est usé
Dans un labeur opiniâtre.

Après la pluie et le soleil,
Tombés sous la tâche obstinée,
Ils goûtent enfin le sommeil
Qui fut le prix de la journée.

Leur village aux sombres maisons
Veille sur eux, de la colline.
Sur ce ravin sans horizons,
C’est un fantôme qui s’incline.

Son vieux clocher, de temps en temps,
S’éveille et pleure sur la roche ;
Il avertit les habitants
Au long murmure de sa cloche.