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LA VIE RURALE

J’y vois peu de héros, mais combien de valets !
Dernier luxe qui reste à tes jours d’indigence,
Chaque jour, chaque règne en propage l’engeance ;
Avides héritiers des preux, des monseigneurs,
À défaut des vertus ils en ont les honneurs.
Ils osent habiter leurs vieilles résidences ;
Ils ont dans nos conseils toutes les présidences ;
Ils marchent revêtus, au mépris des vieux droits,
De tous les majorats et de toutes les croix.
Faut-il porter la toge et l’hermine à l’épaule,
Ils sont là ; ce costume entre aussi dans le rôle ;
Et, leur expérience un jour prise en défaut,
S’ils tombent par hasard, c’est pour monter plus haut !
Hélas ! toutes les fleurs se fanent sur leurs tiges ;
Hélas ! tous les blasons perdent de leurs prestiges ;
Ces noms, ces anciens noms qui brillaient autrefois
Comme autant de joyaux dignes du front des rois,
Démentant chaque jour un passé magnifique,
Tombent dans le commerce et le monde en trafique.
N’en avons-nous pas vu, de ces fiers paladins,
À qui nos lâchetés n’inspiraient que dédains,
Qui soutinrent vingt ans, beaux parleurs de tribune,
La foi dans un autel malgré toute fortune,
Vendre contre un peu d’or, aux mains des nouveaux dieux,