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LES TRISTESSES DU TEMPS.

Trois générations de martyrs et d’aïeux !

Hélas ! en haut, en bas, que l’œil descende ou monte,
Il retrouve, dis-tu, ces images de honte.
En fait d’âme servile, en fait d’honneur caduc,
Le plus épais bourgeois vaut le plus noble duc.
Tu vois, le long des quais, gagnant l’aréopage,
Le vieux Caton qui roule en brillant équipage.
Est-ce lui ? C’est lui-même ; oui, Caton le censeur,
Des stoïques vertus ce rude professeur,
Qui, jadis, au Château venait, les jours de fête,
Montrer sa toge courte et sa barbe mal faite.
Où va-t-il aujourd’hui, plus souple à manier ?
Il va de ses serments prêter l’avant-dernier.

Telles sont des vieillards les vertus exemplaires.
Verra-t-on que les fils vaillent mieux que les pères ?
Ô jeunesse ! ô printemps ! premières floraisons !
Tu les vois, ces enfants, espoir de nos maisons,
Tu les vois désormais, à l’envi l’un de l’autre,
Déserter chaque autel qui fut jadis le nôtre.
Qu’on ne leur parle plus — fastidieux discours —
De fière liberté, d’idéales amours,
D’un nom qui dans le cœur se voile de mystères !