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LE PAYSAGE.

Ou, si je vais, enfin, voir se lever l’aurore
(Car je suis de ceux-là, mon cher, j’en suis encore),
Je crains peu de trouver, aux lieux où je me plais,
Le plus beau des soleils terni par un Anglais !

Donc, quand, le front poudreux et la jambe lassée,
Tu seras satisfait de ta longue odyssée ;
Quand tes yeux saturés auront, de jour en jour,
Assez vu de géants, du vieux Caire au Darfour,
Assez étudié le pylône et la crypte ;
Alors — comme Israël au sortir de l’Égypte —
Tu béniras le ciel ; et, j’en nourris l’espoir,
À mes foyers, enfin, tu reviendras t’asseoir.
Tu connais l’humble toit, les bornes du domaine,
Et, par un vert sentier, ce bois qui vous y mène.
Là, de mes calmes jours si l’allure t’endort,
Si pour toi le repos est un trop rude effort,
S’il te faut à tout prix, sous peine de t’éteindre,
Des crayons à tailler et des toiles à peindre,
À de certains endroits nous conduirons tes pas,
Que Ruysdael, à coup sûr, ne mépriserait pas.
Tu pourras, à ton choix, reproduire les formes
De ces vieux blocs de pierre, entassements énormes,
Où, dans l’étroit chemin bordé de câprier,