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CLAIRON.

Elle reçut les dons d’une fée ou d’un ange ! »
Telle est, sur son chemin, l’unanime louange.
De parents et d’amis un cortége la suit,
Tous joyeux, tous riant au frais matin qui luit,
Tous en habits de fête, ayant aux boutonnières,
Aux corsages lacés, mille fleurs printanières.
Sur sa mule fringante, au grelot argentin,
Regardez-la passer. Elle vient, ce matin,
D’épouser, à l’autel de son humble paroisse,
Cyrille, dont l’amour fut longtemps une angoisse.
De tous les alentours, Cyrille était pourtant
Le plus riche parti. Quand, troublé, palpitant,
Il osa demander cette fille à son père :
« Je te donne, lui dit le fermier débonnaire,
Je te donne avec elle un arpent de terrain
Où tu recueilleras cent épis pour un grain.
Cinq figuiers sont autour, dont les branches prodigues
S’inclinent sous le fruit, et Dieu sait quelles figues !
En outre, mon enfant, tu seras possesseur
D’une vache qui joint la force à la douceur.
Enfin, pour compléter la dot, j’offre une mule
Qui ne sait pas broncher, qui jamais ne recule ;
Elle a l’air d’un cheval et vaut mieux, à mon gré.
Rare bête ! je l’aime et la regretterai.