Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/144

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la vie ; c’est presque un nouveau sens que je dois à son génie[1]. »

Le portrait que Michel Vanloo a fait, en 1767, du Philosophe, a été de sa part le sujet d’un article que nous croyons devoir reproduire en partie, parce qu’il nous paraît très-propre à faire connaître sa manière en critique d’art, et qu’il complète l’idée que nous nous formons de sa physionomie :

« J’aime Michel, mais j’aime encore mieux la vérité. Assez ressemblant ; il[2] peut dire à ceux qui ne le reconnaissent pas, comme le jardinier de l’Opéra-Comique : c’est qu’ils ne m’ont jamais vu sans perruque. Très-vivant ; c’est sa douceur, avec sa vivacité ; mais trop jeune, tête trop petite, joli comme une femme, lorgnant, souriant, mignard, faisant le petit bec, la bouche en cœur, et puis, un luxe de vêtement à ruiner le pauvre littérateur, si le receveur de la capitation vient à l’imposer sur sa robe de chambre. L’écritoire, les livres, les accessoires aussi bien qu’il est possible, quand on a voulu la couleur brillante et qu’on veut être harmonieux. Pétillant de près, vigoureux de loin, surtout les chairs. Du reste, de belles mains bien modelées, excepté la gauche, qui n’est pas dessinée. On le voit de face, il a la tête nue ; son toupet gris, avec

  1. Les Salons de Diderot ne parurent point de son vivant, et ils n’ont été imprimés pour la première fois que dans la collection de ses œuvres donnée par Naigeon en 1798 ; mais ils étaient connus dans la société, et il en circulait des copies.
  2. L’original du portrait de Vanloo, c’est-à-dire Diderot lui-même.