Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/189

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plaisant corps ! Comme je vous en amuserais, si j’en avais le temps. Il m’a laissé le seul exemplaire de son ouvrage, qui a été supprimé, contre les Dialogues de l’abbé Galiani. Je ne l’ai pas encore ouvert ; le baron, qui l’a parcouru, m’a dit qu’il était plein d’amertume. »

Au commencement de cette année 1770, un petit incident s’était passé qui, bien que n’ayant eu alors aucune portée, n’a pas laissé depuis de faire beaucoup de bruit. À propos de la fête des Rois, le Philosophe fit la chanson intitulée : Le Code Denis, dans laquelle se trouvent les deux fameux vers :


Et mes mains ourdiraient les entrailles du prêtre,
À défaut d’un cordon, pour étrangler les rois[1].
  1. Voici cette chanson, telle qu’on la trouve dans la Correspondance de Grimm. On remarquera que les deux vers cités ci-dessus ne s’y trouvent pas. À la simple réflexion, il n’est pas difficile de comprendre que Grimm ne pouvait envoyer aux souverains, à qui la Correspondance était destinée, des choses qui pouvaient les irriter. Aussi le reproche que fait Naigeon à Grimm d’avoir changé les articles de Diderot avant de les adresser à ses correspondants est-il injuste, bien que fondé : sous peine de cesser de correspondre, il ne pouvait faire autrement.

    LE CODE DENIS


    Dans ses états, à tout ce qui respire
    Un souverain prétend donner la loi ;
    C’est le contraire en mon empire,
    Le sujet règne sur son roi.

    Divise pour régner, la maxime est ancienne ;
    Elle fut d’un tyran : ce n’est donc pas la mienne.
    Vous unir est mon vœu : j’aime la liberté ;
    Et si j’ai quelque volonté
    C’est que chacun fasse la sienne.

    Amis qui composez ma cour,
    Au Dieu du vin rendez hommage ;