Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/203

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dévorés de près et au loin ; que les étrangers révèrent, appellent et récompensent ; qu’on citera, et qui conspireront à la gloire du nom français, quand vous ne serez plus, ni eux non plus ; que les voyageurs se font un devoir de visiter et qu’ils se font honneur d’avoir connus lorsqu’ils sont de retour dans leur patrie, je crois, monsieur, que vous ferez sagement. Il ne faut pas que des polissons fassent une tache à la plus belle magistrature, ni que la postérité, qui est toujours juste, déverse sur vous une petite portion du blâme qui devrait résider tout entier sur eux. Pourquoi leur serait-il permis de vous associer à leurs forfaits ? Les philosophes ne sont rien aujourd’hui, mais ils auront leur tour : on parlera d’eux, on fera l’histoire des persécutions qu’ils ont essuyées, de la manière indigne et plate dont ils ont été traités sur les théâtres publics ; et si l’on vous nomme dans cette histoire, comme il n’en faut pas douter, il faut que ce soit avec éloge. Voilà mon avis, monsieur, et le voilà avec toute la franchise que vous attendez de moi ; je crains que ces rimailleurs-là ne soient moins les ennemis des philosophes que les vôtres. »

On voit, par cette lettre, quelle modification le temps avait apportée dans les dispositions du pouvoir vis-à-vis des philosophes. Ce changement sera rendu bien plus sensible encore par un incident que nous allons raconter.

Parmi les ennemis de l’école philosophique il en est un qui, jadis, avait été un de ses membres les plus fameux et qui en était devenu l’adversaire le