Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/202

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du gouvernement avec les directeurs de l’opinion publique. Ce n’était plus le temps, en effet, où on les enfermait à Vincennes et à la Bastille ; sans être encore arrivés au point où les ministres allaient sortir de leur rang, ils se faisaient écouter du pouvoir, et avaient accès auprès des plus hauts représentants de l’autorité.

Palissot et ses pareils allaient bientôt se trouver sans emploi. Quand survenait une attaque dirigée contre l’école philosophique, le lieutenant de police, M. de Sartines, s’adressait à Diderot pour savoir s’il y avait lieu d’en autoriser la publication. Le fait venait de se produire à l’occasion d’une comédie que l’auteur des Philosophes, protégé par le maréchal de Richelieu, se flattait de faire représenter[1].

À la communication de M. de Sartines, Diderot répondait : « Il ne m’appartient pas, monsieur, de vous donner des conseils ; mais si vous pouvez faire en sorte qu’il ne soit pas dit qu’on ait deux fois, avec votre permission, insulté en public ceux de vos concitoyens qu’on honore dans toutes les parties de l’Europe, dont les ouvrages sont

  1. La preuve de la connivence du maréchal éclate dans cette lettre que lui écrit Voltaire. « On dit que vous protégez prodigieusement une nouvelle pièce de Palissot, intitulée : le Satirique ; c’est un beau grenier à tracasseries. Je sais que vous faites la guerre aux philosophes, ne pouvant plus la faire aux anglais et aux allemands : cela vous amuse, et c’est toujours beaucoup. Puissiez-vous vous amuser pendant tout le siècle où nous sommes ! vous en avez fait l’ornement, et vous en ferez la satire mieux que personne. » Malheureusement pour la mémoire de Voltaire, sa Correspondance contient plusieurs lettres de ce genre, qui font tache dans sa vie.