Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ceur n’excluait ni la fermeté dans ses principes, ni la persévérance dans ses entreprises. Jamais ses plaisanteries n’étaient empreintes de cette malignité qui est si souvent la source de ce qu’on appelle esprit. Elles avaient leur origine dans sa bonne nature et sa gaieté. Jamais il n’eut d’intention blessante. Cette gaieté, qui est le charme de la société, mais qui est souvent suivie de frivolité, était accompagnée chez lui de la plus sévère application, des connaissances les plus étendues, unies à la profondeur des conceptions. En résumé, l’on peut dire qu’il a approché le plus possible de la perfection dont la nature humaine est susceptible. »

La perte de Hume ne pouvait pas être sentie comme elle l’aurait été si le penseur écossais eût habité la France. Mais la société des philosophes, à Paris, avait aussi de grands vides dans ses rangs. Deux des salons les plus importants venaient d’être fermés par la mort de mademoiselle de Lespinasse et de madame Geoffrin. On comprend la douleur que dut éprouver d’Alembert. Il avait pour mademoiselle de Lespinasse une affection sans bornes que rien n’avait pu affaiblir : même après qu’il eut appris que son inflammable amie s’était rendue coupable des torts les plus impardonnables, il ne cessa jamais d’en conserver le souvenir le plus tendre, et ses regrets n’en furent pas diminués. La mort de madame Geoffrin mit le comble à son désespoir. Cette ancienne et fidèle amie du géomètre avait été frappée d’une attaque d’apoplexie si violente, qu’on avait de suite perdu tout espoir de la conserver.