Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/48

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Madame d’Épinay allait se trouver, et bien par sa faute, dans une situation fort embarrassante : elle recevait habituellement trois hommes qui étaient amoureux d’elle. D’abord, M. de Francueil, son ami le plus ancien et le plus engagé ; puis Grimm, le plus nouveau, et enfin Duclos, si l’on peut dire que Duclos ait jamais été réellement amoureux. Or, la séduisante châtelaine se flattait de retenir dans sa société ses trois amis. Mais on pense que malgré tout son manège, un tel projet était irréalisable, de là des brouilleries, bientôt suivies d’une rupture avec Duclos qui, par dépit, fit grand tort à la réputation de la dame. De là, vint aussi que Diderot demeura bien des années sans vouloir aller chez elle, quoiqu’elle reçût son plus intime ami, dans la crainte d’être mêlé à toutes ces tracasseries. Sur les rapports de Duclos, il la jugeait[1] fausse, tracassière, intrigante, quand elle n’était que faible, imprudente et coquette, puisque toutes ces chiffonneries provenaient de la fausse position où elle s’était mise en voulant garder ses trois adorateurs.

Avec des ménagements, il était facile à Grimm d’écarter peu à peu M. de Francueil ; mais Duclos n’était pas homme à lâcher pied sans se défendre. Avant de se retirer, il chercha tous les moyens de perdre son rival dans l’esprit de madame d’Épinay. D’abord, il lui raconta l’histoire de sa

  1. Rousseau avait aussi été pour beaucoup dans les préventions de Diderot contre madame d’Épinay.