Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/49

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passion pour mademoiselle Fel[1] ; ensuite, il éveilla sa jalousie au sujet des assiduités de Grimm dans la maison d’Holbach ; mais la réputation de madame d’Holbach était au-dessus de la médisance, et cette insinuation d’un jaloux devait tomber à la première explication. C’est même cette explication qui nous a mis à portée de bien apprécier les heureuses qualités de la première femme du baron d’Holbach.

« La baronne, dit Grimm dans sa justification, était la femme la plus attachée à ses devoirs que j’aie connue ; et ils n’étaient pas pour elle difficiles à remplir. Cette femme, par son caractère, n’avait jamais besoin des autres pour être satisfaite et heureuse, mais elle ne négligeait rien de ce qu’elle croyait utile ou agréable à son mari. C’était pour lui qu’elle caressait ses amis. Elle étudiait leurs goûts, elle était remplie de ces soins, de ces recherches qui font la douceur de la vie, mais ce n’était pas pour leur plaire qu’elle en agissait ainsi. »

C’est cette charmante femme que d’Holbach allait perdre à l’époque même où nous sommes arrivés. Sa mort fut l’occasion d’une absence que fit Grimm pour accompagner le baron dans un voyage que ses amis lui avaient conseillé après la mort de sa femme.

L’absence n’eut pas l’effet qu’en attendait peut-être Duclos : madame d’Épinay n’oublia pas son

  1. Mademoiselle Fel ou Fay, née à Bordeaux en 1706, a créé le rôle de Colette dans le Devin du Village. Elle eut pour amant le peintre de La Tour.