Page:Azaïs - Jugement philosophique sur J.J. Rousseau et sur Voltaire.djvu/24

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tion la plus favorable à ses affections ou à ses ressentimens.

J.-J. Rousseau n’avait eu le temps et l’occasion d’acquérir qu’un petit nombre de connaissances, de plus, il était né, comme je l’ai dit, à une époque, et dans une ville, où fermentait avec tumulte le mécontentement de toutes les anciennes institutions et de toutes les anciennes opinions. Un tel mécontentement, par son caractère, s’unit aisément à la générosité, au désintéressement, à la fierté, au désir de l’indépendance. Tous les ouvrages de J.-J. Rousseau portent l’empreinte d’une exaltation qui a pour principes, d’une part, l’ignorance des causes qui amènent les institutions, les opinions, les erreurs humaines d’une autre part, le sentiment très-énergique des abus, des inconvéniens, qui suivent ces institutions, ces opinions, ces erreurs, et enfin les dispositions nobles et fières que ce sentiment imprime. Qu’il écrive sur l’éducation, sur la politique, sur les sciences, les arts, les mœurs, le luxe, c’est toujours un homme très-fort, très-bon, très-généreux, qui constamment s’abuse, s’irrite contre des maux qui ne sont que des effets inévitables de causes nécessaires, méconnaît les biens qui sont nés des mêmes causes, invoque avec ardeur un