Page:Azaïs - Jugement philosophique sur J.J. Rousseau et sur Voltaire.djvu/32

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Mais la foudre porte également le fracas et le tumulte dans le nuage d’où elle s’élance, et dans l’édifice qui l’attire. J.-J. Rousseau fut, par son âme, ses malheurs, ses talens, ses vertus et ses fautes, l’image anticipée de cette révolution frappante, terrible, inévitable, pendant laquelle tous les extrêmes se combattirent, où la nature humaine porta sa force jusqu’à la violence, toutes ses passions jusqu’au délire, où elle prépara, pour les générations futures, les exemples les plus mémorables d’énergie et de faiblesse, de grandeur et d’avilissement.


Tous les ouvrages de J.-J. Rousseau seront respectés par la postérité, parce que tous portent l’empreinte de la générosité, de la franchise et du génie ; mais tous ne seront pas lus avec empressement : la plupart, au contraire, resteront en dépôt dans les archives de l’esprit humain, comme des monumens très-remarquables de la force de l’homme, mais comme des monumens devenus presque inutiles. Tel sera le sort de tous les livres faits par de grands écrivains, sur des sujets qui ne devaient que passer sur la terre. Quels que soient le talent, l’éloquence, le génie d’un philosophe, d’un mora-