Page:Azaïs - Jugement philosophique sur J.J. Rousseau et sur Voltaire.djvu/46

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ment celle qu’il reçut dès son entrée dans le monde. Formé sous la régence, et déjà lié dans sa jeunesse avec le duc de Richelieu et la cour du régent, il prit de bonne heure une habitude, d’ailleurs facilitée par son caractère, celle de tourner en ridicule toutes les affections profondes. Aussi, à aucune époque de sa vie, pas même dans sa jeunesse, il ne fut ni religieux, ni enthousiaste, ni amoureux.

Quant à ses opinions, comme j’ai l’intention d’être vrai, d’être juste, je dois, avant de les caractériser, faire quelques réflexions générales sur l’état où se trouvaient les esprits lorsqu’il commença à les répandre.

À toutes les époques de la durée des nations, les jeunes gens qui ont de l’ardeur reçoivent leurs premiers mouvemens des impulsions régnantes. Celles-ci changent et se succèdent par opposition alternative ; les jeunes gens, devenus hommes faits, ne changent pas toujours de même ; d’ordinaire leurs premiers mouvemens les ont mis dans une situation que, par amour-propre, par intérêt, quelquefois par conviction, plus souvent par irritation contre les résistances, ils sont entraînés à soutenir.

Ce que je viens de dire, que, pendant la