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durée des nations, les impulsions régnantes changent et se succèdent par opposition alternative, serait constamment démontré par l’histoire générale ; car, ainsi que je l’ai dit précédemment[1], le principe des compensations est la clef de l’histoire. Mais pour me rapprocher de mon sujet, je me contenterai de retracer ici, d’une manière rapide, la succession des impulsions mutuellement opposées auxquelles les mœurs et les opinions se sont abandonnées depuis le règne de Louis XIV.

Ce monarque, dans sa jeunesse, fut d’une galanterie souvent coupable ; la vieillesse le jeta, ainsi que sa cour, dans l’excès de gravité et de dévotion. Sous le régent, cet excès fut remplacé par celui de l’étourderie et du libertinage. Au règne du régent succéda la minorité de Louis XV ; le cardinal de FIeury, qui gouverna sous son nom, releva la puissance des idées et des mœurs austères ; son autorité s’étendit sur la jeunesse de Louis XV. Sa mort sembla délivrer le prince d’une tutelle qui l’oppressait ; Louis XV se livra sans retenue à des goûts avilissans. Le règne de Louis XVI présenta d’abord les effets de la honte et de l’in-

  1. Manuel du Philosophe.