Page:Azaïs - Jugement philosophique sur J.J. Rousseau et sur Voltaire.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rejetées, baffouées ; le peuple, du moins la partie saillante et oisive, suivait l’exemple de la cour. Voltaire à peine âgé de vingt ans, était vivement applaudi, lorsque dans celui de ses ouvrages dramatiques qui resta le plus fort, il disait avec rudesse :

« Les prêtres ne sont point ce qu’un vain peuple pense ;
Notre crédulité fait toute leur science. »

Ainsi, vers le commencement du dix-huitième siècle, les opinions religieuses avaient déjà reçu une atteinte violente ; c’est ce que l’on oublie lorsque l’on accuse de leur chute les écrivains qui s’élevèrent à la fin de ce même siècle. Mais, entre ces deux époques, il y eut un intervalle rempli, comme il devait l’être par des dispositions antagonistes. Le cynisme d’opinion et de mœurs ayant été porté au dernier degré d’effronterie par le régent, le cardinal Dubois et toute sa cour, l’ensemble de la nation se rejeta dans le sens opposé. Alors, par l’effet naturel de la pente vers les contrepoids, se formèrent les excès d’un ardent et odieux fanatisme ; et alors aussi la France éprouva des maux cruels, humilians, qui sont également oubliés par ceux qui blâment sans modération, la philosophie du dix-huitième siècle, et qui demandent quels sont, avant la